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• Depuis combien de temps tu es prof ?

Je donnais des cours de théâtre depuis 2002 dans des structures scolaires, avant de devenir « officiellement prof » en 2006. J’ai commencé à enseigner avec la compagnie « Scénofolies », basée sur Montpellier.
D’abord avec des ateliers enfants et pré-ados, ensuite avec des ateliers ados et adultes. J’ai suivi leur évolution. Puis j’ai enseigné un an aux élèves de 3D à « L’École supérieure des métiers artistiques » de Montpellier (L’ESMA).

En 2008, je suis retournée à Paris pour y créer une antenne de la compagnie, et j’y ai ouvert les mêmes ateliers.
J’ai recruté des professeurs qui ont repris le flambeau, pour qu’en 2016, je puisse me consacrer à la mise en place d’une troupe semi-pro.
J’ai parallèlement intégré les « Cours Paul Clément » en 2015, et j’y donne des cours exclusivement pour des adultes allant du niveau découverte, au niveau confirmé.
Je travaille toujours au sein de ces deux structures avec une immense joie !

• Quel est ton parcours théâtral ?

J’ai fait toutes mes études en spécialité théâtre, du lycée jusqu’en fac.
J’ai commencé par le classique, et la tragédie en particulier.
Puis je me suis dirigée vers le café-théâtre, afin de travailler la rythmique de l’humour en lien direct avec le public.
Par la suite, j’ai glissé dans l’univers du sketch, de l’impro, et c’est tout naturellement que je me suis mise au Clown et à la Commedia Dell’Arte. J’ai travaillé la méthode Actor Studio, de Stanislavski à Strasberg en passant par Meisner… Des maîtres incontournables en la matière.
Et de cours en stages, d’écoles en rencontres, j’ai commencé à travailler assez rapidement dans diverses compagnies.
Café-théâtre, Sitcom théâtrale, Soap opéra, Comédie musicale, Shakespeare, Vaudeville, Clown, Masque, Jeune Public, Théâtre de rue tout en enseignant, en parallèle, à des élèves de 2 à 75 ans.

• Est-ce que tu te souviens de ton premier cours ? De ton premier spectacle ?

Mon premier cours, c’était pour remplacer un prof au pied levé dans une petite commune aux alentours de Montpellier.
C’était un cours intergénérationnel de comédie musicale dont le thème était une école de super-héros dont les pouvoirs surnaturels étaient révélés par la musique. J’ai eu 3 mois pour le créer et le monter avec des enfants et des adultes de tous âges. C’était vraiment bien.

• Ton meilleur / pire souvenir de théâtre ?

Mon meilleur souvenir de théâtre, c’est quand j’ai vu mon élève, André dit Dédé, jouer si bien son personnage de Kos, que je n’ai plus vu André, mais Kos lui-même. C’était mystique. J’étais totalement en larmes, prise par la force et la pureté de ce moment de grâce. Les réactions dans la salle, en résonance avec ce qui se passait sur scène me mettaient le frisson. J’étais spectatrice et plus professeure. J’observais, j’écoutais, je vibrais… J’apprenais.

Le pire moment, c’est quand j’étais en régie, et qu’un de mes élèves a eu un trou de mémoire sur scène. Je cherchais par tous les moyens à l’aider, avec le son, la lumière… mais impossible… C’était vertigineux et semblait interminable. Mais la magie de l’esprit de troupe opère dans ces moments-là. Le groupe à fait block et a réussi à le remettre sur ses rails.

Ça fait aussi partie des bons souvenirs qui soudent et qu’on s’amuse à raconter. Une aventure au cœur de l’aventure.

• Une anecdote dingue / drôle ?

Un fois, j’ai un élève qui s’est cassé le pied trois jours avant de jouer, oui bon, c’est pas drôle, mais ce qui est dingue, c’est que son binôme, qui connaissait tout son texte par cœur, a relevé le défi de jouer les deux rôles en faisant parler une marionnette à doigt à la place de son partenaire absent. C’était génial ! La pièce a pris une toute autre dimension. Il avait 12 ans. Un héros plein de talent et de courage.

• Quel est l’esprit que tu essaies d’insuffler dans tes cours ?

L’esprit de Troupe. C’est ce qui compte le plus pour moi, que les élèves viennent pour travailler et apprendre dans la joie, et qu’ils aient hâte de retrouver des gens qui deviendront leurs amis et leurs meilleurs alliés. Quand on est soudés hors plateau, il ne peut rien arriver de grave sur scène.
Si les élèves pigent vite ça dans mon cours, ils ont tout gagné. Et moi donc.

• Comment tu décrirais ton travail / ta méthode ?

Je travaille d’abord sur la cohésion de groupe, afin d’arriver à un état de confiance qui permettra à chacun de lâcher prise en présence et avec l’aide des autres.
Je fais travailler sur les émotions et la mémoire sensorielle, le corps et ses impulsions, la musique et l’intuition, la mise en espace et la prise de risque.

Après, le reste du travail dépend de l’esprit du groupe.
Le principal, c’est qu’on ne se prenne pas au sérieux, mais qu’on le soit dans le travail.
Tous les exercices que je fais faire sont à travailler avec tout son être.
J’apporte aux élèves des outils dont ils auront besoin quand je les dirigerai lors de la création du spectacle. Ils pourront les utiliser sur scène s’ils en ressentent l’impulsion.
Ce sont les gages de leur liberté créative. Mais pour cela, il faut savoir les maîtriser, donc travailler et s’entraîner.

• Qu’est-ce que tu aimes monter comme spectacle ? Quel théâtre aimes-tu ?

J’aime beaucoup monter les auteurs contemporains qui parlent de la folie des hommes, mais aussi de ce qui les éclaire, les rapproche et fait d’eux des êtres profondément humains. J’aime travailler sur les dimensions du clair-obscur. Sans obscurité, pas de lumière, ni du nuance, et inversement. Par exemple, j’aime particulièrement Mohamed Rouabhi, Ahmed Madani, Wajdi Mouawad, Carole Frechette… il y a aussi Shakespeare, Marius Von Mayenburg, Franca Rame… il y en a tellement qui me font vibrer et délirer…

• Ce que tu aimes chez un comédien / une comédienne ?

Ce qui est important déjà, c’est qu’il me fasse confiance. Je suis bienveillante et à l’écoute. Pour que l’on avance ensemble avec assurance, il est bon qu’il ose me parler, me dire ce qu’il ressent, ce qu’il comprend, ce qui le questionne ou l’interpelle et le percute, sans se frustrer. Nous sommes comme des partenaires d’escalade.

Je compose avec mes comédiens, nous composons ensemble et pour que la symbiose se fasse, entre nous, il ne faut pas avoir peur de nous livrer. Quand cette confiance est là, j’aime quand un comédien connait parfaitement son texte et qu’il se jette littéralement sur le plateau. A partir de là, l’exploration et la métamorphose peuvent commencer. Et ensemble, on crée une réalité dans la réalité. La nôtre.

Photo François Escriva

portrait « chinois »

• Si tu étais une pièce de théâtre ?

« Jusque dans vos bras », des chiens de Navarre, Jean- Christophe Meurisse (je ne loupe aucun de leurs spectacles).

• Si tu étais un auteur de théâtre ?

William Shakespeare, tout y est.

• Si tu étais un comédien / une comédienne ?

Meryl Streep / Leonardo Di Caprio. Ils sont des monstres sacrés.

• Si tu étais un personnage ?

Portia dans « Le Marchand de Venise » de William Shakespeare.

• Si tu étais un plat ?

Je serais des fajitas. On compose avec ce qu’on a.

• Si tu étais un film ?

« Another Happy day » de Sam Levinson. Ce film est une symphonie.

• Si tu étais un livre ?

« L’inespérée » de Christian Bobin. Il fait du bien au cœur et à l’âme.

• Si tu étais une destination de vacances ?

La Thaïlande, le pays des hommes libres et du sourire.

• Si tu étais un animal ?

Un albatros, à l’aise dans les airs et dans l’eau, mais un peu gauche sur la terre.

• Si tu étais une œuvre d’art ?

« La nuit étoilée » de Van Gogh, le tableau parle de lui-même.

• Si tu étais un super pouvoir ?

Celui de voyager dans le temps.

• Si tu étais une réplique de film / théâtre ou citation ?

– « Prends le temps de regarder pour voir, d’essayer pour comprendre et d’aimer pour y croire. »

– « Si tu n’as pas confiance en toi, fais confiance à ton personnage. »

• Si tu étais un personnage de Friends ?

Je serais Phoebe sans aucune hésitation.

• Si tu étais un sport ?

L’escalade.

• Koh Lanta ou Top Chef ?

Top chef à Koh Lanta.

• Film ou série ?

Série. Je m’attache aux personnages, j’ai du mal à les quitter.

• Fiction ou réalité ?

Une réalité dans la fiction.

• Boire ou conduire ?

Conduire.

• Adam ou Eve ?

La pomme.

• Gloire ou Argent ?

L’Argent est une énergie qui permet de faire des choses et d’avancer.

• César, Oscars, Molière ou Palme ?

Aucun, c’est pour moi une mascarade de mondanités.

• Comédie ou Tragédie ?

Comédie. Il est bien plus difficile de faire rire que de faire pleurer.

• Monologue ou Dialogue ?

Le dialogue.

• Batman ou Joker ?

Joker.

• Improviser ou suivre le texte ?

Savoir improviser en suivant les objectifs du personnage dans la situation du texte.

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